114 – SOMMES NOUS TOLERANTS ?
6 février 2013
Je me pose une question : pourquoi nous arcboutons-nous toujours sur nos positions ? Pourquoi voulons-nous toujours avoir raison ? Que cela nous enlève-t’il si l’autre n’est pas d’accord et a un autre avis, une autre croyance, une pensée différente ?
J’ai donc réfléchi à cette question : j’ai compris que nous étions si peu évolués, si peu raffinés, si peu mûrs, que nous en étions encore à vouloir «gagner».
-
«C’est moi le plus fort, na !»
-
«C’est moi la plus intelligente !»
-
«C’est moi qui a le plus gros zizi !»
-
«C’est moi la plus belle !»
-
«C’est moi qui a raison !»
Voilà nos revendications les plus profondes. Et, au nom de ces affirmations si enfantines, nous faisons la guerre, nous faisons du mal à l’autre, nous nous faisons même du mal à nous-mêmes. Car nous souffrons, voyez-vous, lorsque l’autre nous tient tête ! Nous souffrons dans notre orgueil, dans notre ego de petit homme pas tout à fait fini.
Alors je m’attriste. Je m’attriste sur le monde si maltraité par les hommes immatures, je m’attriste sur les hommes qui se compliquent tellement la vie avec leur ego. Ils se la compliquent mais, en plus, ils se la gâchent ! Nous nous empêchons d’être heureux …
Quelle importance si l’autre n’est pas du même avis que nous ? Cela ne nous empêche pas de le donner et, telle une petite graine, notre avis fleurira là où la terre est fertile. Ce n’est pas en criant, en se butant, en s’enfermant dans notre «vérité» que le monde évoluera. Point s’en faut ! Bien au contraire, en écoutant le point de vue de l’autre nous pouvons faire évoluer notre pensée, nous pouvons trouver des solutions plus efficaces, plus intelligentes, plus évoluées.
«L’union fait la force» dit-on souvent. Alors, pourquoi ne pas unir nos croyances, nos pensées, nos certitudes afin de les rendre plus pertinentes ? Mais également, pourquoi ne changerions-nous pas d’idée, parfois, en écoutant d’autres avis ?
Est-ce un voeu pieux ?
Avez-vous déjà écouté, en observateur, une discussion autour d’une table ? Très peu «écoutent» véritablement les autres. Chacun veut caser son expérience, son information, SA vérité. Du coup, nous assistons très souvent à des monologues qui s’entrecroisent. Prenez le temps d’observer, vous verrez !
Que dire également des «débats» médiatiques ? Chacun amène son point de vue, c’est le but, rien à dire. Mais PERSONNE n’écoute les autres invités ! Si un synonyme du mot «débattre» est «négocier», il serait juste d’écouter et voire même de faire évoluer ses idées grâce aux idées des autres. Mais cela finit majoritairement en pugilat, chacun restant agressivement sur ses positions : «C’est moi qui ait raison, voilà».
D’où les guerres de toutes sortes, guerres civiles, guerres entre nations, guerres entre individus et, même, guerres à l’intérieur de nous-mêmes.
Quelle solution ? Et, bien, peut-être, déjà commencer par faire la paix à l’intérieur de nous en écoutant TOUTES les parties de nous. Elles ont toutes un peu raison et … un peu tort ! Le meilleur apprentissage, ne serait-il pas de commencer également à VRAIMENT écouter les autres, sans a-priori, et se dire que -peut-être- ils peuvent avoir des vérités intéressantes ? Des vérités qui peuvent bousculer les nôtres, nous faire évoluer ? Et si, malgré tout, nous ne sommes pas d’accord (nous avons tout à fait le droit de ne pas l’être !) et bien si nous ACCEPTIONS, tout simplement, cette différence de pensée ?
Accepter les différences ne signifie pas être OK avec tout ce qui se dit ou fait autour de nous. Loin de là ! Nous avons nos croyances, nos valeurs, et il est normal que nous cherchions à les expliquer, les expérimenter. Et si les idées des autres nous paraissent stupides ou dangereuses et bien c’est encore plus normal de vouloir les exprimer.
Toutefois nous critiquons, à juste titre, les intégristes. Ces personnes et groupes prétendent avoir LA vérité et -surtout- l’imposer à tout le monde. Ils sont donc extrêmement dangereux, n’est-ce pas ? Et pourtant, nombre d’entre nous, au niveau individuel, se comporte comme eux ! Ils pensent ou croient à quelque chose et veulent l’imposer aux autres, sans tenir compte de leurs croyances qu’ils jugent erronées, bien évidemment.
Je me demande si cet intégrisme ne nait pas chez les personnes qui n’arrivent pas à se forger eux-mêmes d’opinion. Alors ils adoptent un carcan de croyances, endossent le dur manteau des certitudes et, hop, les voilà partis … en guerre ! Car vouloir à tout prix prouver que l’on a raison amène forcément à la guerre : cela nous rend particulièrement intolérant et, comme le dit si bien Voltaire : «La tolérance n’a jamais excité de guerre civile ; l’intolérance a couvert la terre de carnage».
Je propose donc que nous soyons honnêtes avec nous-mêmes et de nous observer lorsque nous pensons avoir raison : sommes-nous ouverts ou devenons-nous très vite intolérants ?
Car, ne l’oublions pas :
«La vérité d’aujourd’hui peut avoir été l’erreur d’hier»
Georges Clémenceau (1927)
No comments yet