68 – L’ETAT AMOUREUX EST-IL DE L’AMOUR ?
15 février 2012
Je vous écris le jour de la Saint Valentin, très fêté par les amoureux, et je viens vous parler … d’amour : normal, n’est-ce pas ?
Je me posais la question de la différence entre «aimer» et «être amoureux» ou plutôt, dans le bon sens, l’état amoureux est-il de l’amour ?
J’en doute … Pourtant nous sommes très, très nombreux à confondre les deux. Ce qui, à mon sens, provoque toutes ces désillusions, ces drames, ces déchirements, ces souffrances et, pour finir, tant de divorces.
Je m’explique ! Lorsque nous rencontrons quelqu’un ou quelqu’une, et que nous «tombons» amoureux, que se passe-t’il ? Comme l’expression l’indique d’ailleurs très bien, nous «tombons», c’est à dire que nous ne sommes plus droits dans nos baskets … Je ne vais pas vous parler des fameux échanges chimiques : je laisse la responsabilité aux scientifiques de vous parler de nos hormones. Simplement, «tomber amoureux» implique tout un processus psychologique qui nous sort de notre état «normal».
Quand une personne nous «plait», nous nous sentons attirés vers elle. Nous voulons la séduire, qu’elle nous remarque, nous voulons lui plaire en retour. Bref … nous pouvons parler de «désir» !
Le début de cet état commence très souvent par «Je le ou la veux». Bien sûr, c’est inconscient ! Consciemment notre petit vélo intime et romantique se met en route et nous commençons par parer l’élu(e) de mille vertus : «Sûr, c’est le ou la bonne !».
Puis toute une technique se met en place : la danse de la séduction a commencé. Que l’on soit un homme ou une femme, même si la danse n’est pas tout à fait la même, nous nous lançons dans le ballet … Comme les animaux au moment de la période du rut (et oui, désolée, mais c’est tout à fait comparable !!) nous avançons, nous reculons, nous sortons nos plus beaux atours, nous rions plus fort qu’il ne faudrait aux plaisanteries de l’autre, nous nous montrons douces pour les unes et forts pour les autres.
Nous nous contemplons dans le regard de l’autre : plus il approuve, plus nous nous sentons intelligents, beaux, charmants … Bien sûr, cette admiration renforce notre état amoureux : une personne si complaisante avec nous ne peut qu’être une personne bien !
Pour se plaire encore plus, nous cherchons les points communs : «Tu aimes aussi ce chanteur ? Quelle chance, nous avons les mêmes goûts !». «Tu aimes marcher ? Super, moi aussi !»; Nous voulons littéralement fusionner ! Le désir nous habite tellement que l’on voudrait «posséder» l’autre, ne jamais le quitter, qu’il ne regarde que nous, qu’il ne pense qu’à nous …
Nous sommes rentrés dans «l’état amoureux». Pendant cette période, bien sûr, nous échangeons moults serments et petits mots doux. Et, «il ou elle me plait» se transforme en «je l’aime» …
Bien sûr, nous le comprenons tout de suite, il ne s’agit pas encore d’amour. C’est une période très riche, exaltante, stimulante qui peut conduire à l’amour … mais pas forcément. C’est bien pourquoi, après quelques semaines pour les uns, quelques mois pour les autres, ou bien même après plusieurs années, tout à coup ou petit à petit, nous ne pouvons plus supporter celui ou celle que nous avons tant encensé.
Pourquoi ? Et bien, tout simplement, parce que l’état amoureux ne parle pas d’amour mais de désir, de séduction, de fusion. L’état amoureux nous parle de nous, tandis que l’amour nous parle de l’autre.
Etre amoureux c’est chercher à plaire et à prendre le pouvoir pour «posséder» l’autre : il nous plait, nous le voulons et, comme je l’écrivais plus haut, nous ne sommes plus vraiment nous-mêmes. Nous perdons notre bon sens … La preuve : essayez de convaincre une personne en état amoureux qu’elle se trompe totalement sur la personne et vous verrez le résultat ! Elle ne veut RIEN entendre … Bien sûr, je le répète, ce processus est totalement inconscient. Nous pensons avoir toute notre raison !
Bref, tant que nous sommes dans cet état amoureux nous ne voyons pas réellement l’autre personne : nous ne voyons que notre «rêve». Nous pourrions dire que nous sommes en état de transe. Et, en fonction de notre psychisme, c’est à dire de notre caractère, du désir que nous inspire l’autre mais également de la force du désir de l’autre et des névroses qui nous relient, cela peut durer plus ou moins longtemps …
Puis, après ce temps, au fil des jours, «l’autre» nous apparait dans sa réalité, dans sa vérité. Chacun reprend son individualité avec ses traits de caractère, avec moins de patience, moins de projections sur l’autre. Nous nous retrouvons «debout» après être «tombés» et nous revoilà tout droit dans nos baskets.
Et, là, peut commencer la véritable histoire d’amour. Car aimer c’est accepter l’autre dans sa totalité, dans sa réalité. Aimer ce n’est pas posséder mais accompagner. Aimer c’est accepter que l’autre ait ses défauts, ses zones de mystère, son caractère. Aimer est une aventure quotidienne qui se construit, jour après jour, à petits -et grands- coups d’égratignage d’égo …
Dire «Je t’aime» à une autre personne implique un acte de foi, un engagement, un désir profond de partager «pour le meilleur et pour le pire» : peut-on donc réellement dire «Je t’aime» dès les premiers moments ? Peut-être pourrions-nous simplement murmurer «J’ai envie de t’aimer» ?
Pour terminer, une citation de Jacques de Bourbon Busset qui a si bien su parler de l’amour qu’il a expérimenté :
«L’amour est un fleuve où les eaux de deux rivières se mêlent sans se confondre»
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