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49 – LA DIVINE CONNEXION

26 octobre 2011

La joie de vivre stimule nos désirs et … nos désirs stimulent la joie de vivre. Cela parait simple et évident et pourtant combien d’entre nous vivent coupés à la fois de leurs désirs ET, de ce fait, de leur joie de vivre ?

J’ai revu, l’autre jour, une femme que j’aimais beaucoup mais que j’avais perdu de vue depuis de nombreuses années. Elle s’appelle Norma, elle a 65 ans, elle est mariée et est grand-mère. J’ai envie de vous parler d’elle, aujourd’hui, car je pense que beaucoup d’entre nous lui ressemblent quelque part …  

En apparence, Norma va bien : elle rit quand il faut rire et s’indigne quand il le faut. Sa vie affective semble riche et, cerise sur le gâteau, elle vit financièrement à l’aise. Elle est très généreuse avec les autres : elle vous invite facilement et offre de magnifiques cadeaux à ses enfants !

Bref, en apparence, tout va bien … Pourtant, quelque chose «cloche» : son regard, par exemple, qui devient triste lorsqu’elle ne se sait pas observée. Son manque d’audace, également, lorsqu’il s’agit de sortir de ses habitudes : les voyages ne l’intéressent plus, faire de nouvelles choses non plus. Patrick, son mari, se plaint d’ailleurs qu’elle est lourde à porter lorsqu’ils sont seuls tous les deux : elle est paraît-il ronchon, pessimiste, négative …

Il me dit, en aparté : «Dès qu’elle a terminé de vaquer à ses petites affaires, elle tourne en rond, lit un peu, regarde beaucoup la télé, souffle, regarde l’heure … C’est clair, elle s’ennuie ! Mais elle ne s’intéresse à rien, tout lui coûte même -parfois- s’occuper de nos petits enfants. Elle ne semble s’animer que lorsqu’elle est avec ses copines, comme si celles-ci remplissaient son vide intérieur». 

Cela m’a beaucoup surprise … Car, lorsque j’ai connu Norma, elle avait une vingtaine d’années : elle était musicienne, elle peignait, elle était dynamique et curieuse. Bien sûr, la vie lui a apporté son lot de joies et de peines, comme tout un chacun, et elle a eu des déceptions. Toutefois, elle a un mari qui l’aime et la soutient et ses enfants et petits-enfants sont très proches d’elle. Elle n’a aucun souci matériel et pourrait très bien, maintenant qu’elle est à la retraite, reprendre la musique ou la peinture : cela lui permettrait d’exprimer ! J’ai toujours pensé que Norma était plus une artiste qu’une juriste, malgré une carrière réussie dans ce domaine. 

Mais Norma n’a plus le feu sacré : elle l’a perdu en route. Elle a tellement basé sa vie sur «l’autre», au sens large (mari, enfants, amis, famille, collègues), qu’elle ne sait plus qui elle est. En perdant ce feu sacré, elle s’est perdue elle-même. Quelle partie d’elle a t’elle perdu ? A mon sens, c’est son désir. Plus précisément le désir de son âme, ce désir qui nous connecte à la joie profonde d’ETRE. C’est lui qui nous inspire, nous guide, nous amène à créer, nous remplit de joie. Et, en perdant notre désir, nous perdons la connexion à notre âme : nous voilà alors comme orphelin(e), un corps vidé de la substance qui lui donne sens !  

Il est bon, parfois, de sortir de son bocal pour sauter dans la mer de la vie !

Sans cette connexion nous ne vibrons plus. Nous vivons un peu comme des automates, par habitude. Et notre mental peut alors s’en donner à coeur joie ! Peurs et angoisses prennent la place de la joie … Bien sûr nous rions, mais sans joie. Bien sûr nous mangeons, mais pour nous remplir. Bien sûr nous parlons, mais pour fuir notre vide. 

Je pense d’ailleurs que c’est la cause de nombreuses dépressions : les personnes ne se sentent plus connectées avec leur âme. Trop de mental, trop d’angoisses et de peurs camouflent complètement cette connexion. Pourtant, sans elle, nous perdons notre ressort ! Comme je l’écrivais plus  haut, nous perdons le sens, nous nous sentons vide, nous vivons dans la peur. Jusqu’au jour où le ressort est tellement distendu qu’il ne nous permet même plus de nous lever ! (1) 

Nous avons toujours la possibilité, à tout moment, de jaillir de notre boite le coeur en joie !

La bonne nouvelle c’est … que le ressort ne casse jamais ! Nous pouvons le croire cassé toutefois, tant que nous sommes en vie, le fil qui nous relie à notre âme est TOUJOURS là, prêt à vibrer au premier signal. 

Norma a perdu le feu sacré mais elle peut le retrouver. Comment ? Déjà, en prenant conscience de son vide, en acceptant de le regarder en face, de l’expérimenter. Car, pour l’instant, elle fuit dans des activités qui ne la satisfont pas, dans des relations qui l’ennuient, dans des films, des déplacements qui «occupent» ses journées mais ne la «remplissent» pas. Elle a oublié sa joie de vivre ! Rire en écoutant une blague c’est sympa mais ce n’est pas de la joie, voyager pour tromper son ennui cela occupe mais ce n’apporte pas de joie, etc … Tout ce que l’on fait pour remplir un vide nous occupe superficiellement mais ne nous comble pas. 

Bien sûr, oser regarder ce vide en face peut faire peur … dans un premier temps. Dans un deuxième nous pouvons nous faire aider par quelqu’un, ou reprendre une activité qui nourrissait notre être profond, ou bien oser faire ce que nous n’osions plus et qui nous réveillerait de notre torpeur ! A chacun sa solution … L’important c’est de se forcer, tout au moins au début, à sortir de sa routine, de sa léthargie. L’important c’est d’oser laisser notre désir profond -celui de notre âme- guider nos pas, renouer avec la confiance qui nous habitait «avant» … 

Une solution serait donc, déjà, de ne plus chercher à cacher le vide derrière du remplissage. Au contraire, laisser s’exprimer ce vide afin de se rendre compte … qu’il n’existe pas. Personne n’est vide … Si je reprends l’histoire de Norma, je pense qu’elle a tout simplement oublié de passer du temps avec elle-même ! Au lieu de regarder sa beauté intérieure, elle a fuit dans l’extérieur. Elle a donc perdu son âme de vue puisque notre âme se trouve TOUJOURS à l’intérieur : c’est notre fil d’Ariane avec l’amour, avec la vie, avec la joie, c’est la divine connexion …

Pour terminer, un petit clin d’oeil d’un poète français, Pierre Reverdy (1889-1960) :

« Notre âme est ce qui importe le plus. Cependant, c’est net, on s’aperçoit qu’on a un estomac bien avant de se douter qu’on a une âme !»

PS : Effectivement, reconnecter son âme demande un minimum d’intériorité : c’est peut-être là où le bât blesse pour la majorité d’entre nous et là, également, où se situe le secret du bonheur : ne plus confondre «plaisir» et «joie». Le plaisir n’est jamais satisfait, car il vient de l’extérieur et il nous en faut toujours plus, tandis que la joie vient de l’intérieur, d’une âme heureuse, et la joie nous comble …

 (1) Lire à ce sujet, le petit livre (110 p) de Nicole Fabre, Psychanaliste et Professeur de Philosophie, «Voyage en désespérance» : fort bien écrit, illustré par nombre de cas, il montre que ce «voyage» peut mener à «la clé de Soi …», et donc à la joie !

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