44 – A CHACUN SA VERITE !
Nous sommes tous différents, donc uniques, et par conséquent nous réagissons chacun différemment aux évènements. Certains vont tirer profit d’un climat chaud et humide, tandis que d’autres développerons moult rhumatismes. Certains avalent sans sourciller quantité de nourritures grasses et lourdes, d’autres ne peuvent digérer le moindre morceau de beurre. Le climat «chaud et humide» est-il bon ou mauvais pour la santé ? Le beurre est-il bon ou néfaste ?
Il n’y a pas de réponse toute faite, il n’y a pas de vérité : cela dépend, tout simplement, pour qui !
C’est tout un apprentissage que d’apprendre à repérer ce qui est «bon» ou «mauvais» pour soi. Car la société voudrait que nous soyons des clones et que nous réagissions tous de la même façon. Et chacun d’entre nous, également, voudrait que l’autre soit comme lui !
C’est ainsi que s’installent des incompréhensions, des jugements, des colères, et même des guerres entre les hommes, ou plutôt entre les égos des hommes. Car le coeur ne juge jamais : il accueille, il accepte, il comprend. Il a compris que la richesse de la vie vient de la différence ! Comme il n’est pas dans la compétition, dans la volonté d’avoir raison à tout prix, il est ouvert et accueille l’autre dans sa différence.
Mais le premier pas n’est-il pas, déjà, de nous accueillir -et nous aimer- nous-même dans notre originalité ?
Car c’est là où le bât blesse : nous sommes conditionnés, dès le plus jeune âge, pour devenir de bons petits soldats dans un groupe donné. Nous sommes blancs, ou noirs, ou jaunes. Nous naissons dans une famille de culture catholique, ou juive, ou musulmane, ou bouddhiste. Nous sommes filles ou garçons. Nous habitons tel ou tel pays, telle ou telle ville ou campagne. Bref, nous sommes déjà définis -dès notre naissance- avant même d’avoir pu dire le moindre mot ! Et cette «définition» va nous enfermer dans des rôles standardisés qui nous dictera ce qui est «bon» ou «mauvais» pour nous …
Gare à vous si vous êtes une fille blanche, vivant dans une grande ville, et que vous ayez le goût de vivre dans une case africaine : ce qui, peut-être, serait «bon» pour vous ET uniquement pour vous. Pas pour vos soeurs … qui ne comprennent pas votre goût pour les endroits un peu sommaires, plus rustiques, plus près des peuples indigènes. Elles vous traitent d’ingrates, d’insatisfaites, de «bobo» : vous n’êtes pas comme elles, vous ne vous sentez pas bien dans votre grande et belle maison, il vous manque quelque chose …
Que vous manque-t’il ? Peut-être VOTRE vérité à vous, qui ne correspond pas à celle du milieu où vous êtes née.
Et ce milieu, justement, au lieu d’accueillir votre vérité, la critique et la rejette comme si elle remettait en cause la leur. Pour combien d’entre nous est-il, à des degrés divers, difficile d’accepter que «l’autre» ne pense pas comme nous ? Il suffit de voir combien, une fois que nous avons trouvé quelque chose de «bon» pour nous, nous mettons d’énergie pour convaincre les autres que cela serait bon pour eux aussi!
Bien sûr, notre expérience positive peut inspirer d’autres personnes qui partagent notre «vérité», notre «réalité». Et c’est tout à notre honneur de vouloir partager avec les autres ce qui a été positif pour nous. Mais cela devient de la tyrannie lorsque nous pensons que nous détenons LA vérité !
N’oublions jamais que NOTRE vérité n’est pas LA vérité …
Laissons les autres libres de la leur et accueillons toutes nos différences comme des richesses, des ouvertures sur la diversité du monde. Et, avant de chercher à convaincre l’autre de ce qui est bon pour lui, apprenons déjà à connaître ce qui est bon pour nous ! Car, bien souvent, nous agissons comme des moutons et nous nous laissons influencer par notre entourage : le groupe où nous vivons, bien sûr, mais également les publicités et autres média qui nous inculquent LEURS vérités pour mieux vendre et manipuler.
Combien d’entre nous se croient obligés d’aller bronzer sous les cocotiers alors que leurs âmes aspirent tout simplement à se ressourcer sous les pommiers de leurs jardins ?
Combien tyrannisent leurs corps avec du sport intensif «pour suivre le mouvement et rester en forme» alors que leur organisme a besoin de douceur et de repos ?
Combien ont-ils construits une vie «dans les normes» qui ne leur correspond pas ?
Et si cette histoire de «vérité» bonne ou mauvaise pour soi, si cette fausse réalité à laquelle nous nous identifions tous plus ou moins, étaient à l’origine du nombre considérable de dépressions dont beaucoup d’entre nous souffrons ?
Une dépression, comme nous l’appelons aujourd’hui (hier nous l’appelions «mélancolie»), n’est-elle pas tout simplement le symptôme indiquant que nous ne sommes pas en accord avec la vérité de notre âme ? Avec ses aspirations?