4 – La magie du pardon
Nos vies ne seraient-elles pas plus légères si nous choisissions de pardonner tout ce que nous pensons avoir subi des uns et des autres ?
Qui n’a pas, de temps à autre, une pensée de colère ou de rancoeur en se remémorant un acte qui l’a fait souffrir : injustice, trahison, méchanceté ? Chez certaines personnes il s’agit juste de petites bulles qui jaillissent parfois lorsque le souvenir est réactivé par une situation, chez d’autres ce sont des histoires qui tournent en boucle dans leurs têtes ou qu’elles racontent encore et encore à tous ceux qui veulent bien les écouter.
Ces souvenirs sont là, ancrés, et ils distillent des gouttes d’énergie empoisonnée à chaque fois que nous y pensons ou que nous en parlons. Car ils génèrent des pensées négatives, parfois même de la haine. Ils nous empêchent d’avancer aussi légèrement que nous le ferions si nous n’étions pas habités par ces ressentiments …
La rancune est un poison violent. Elle nous coupe de la lumière, de la joie, de l’amour. Ecoutons Mère Teresa :
« Si véritablement nous désirons aimer, nous savons bien que nous devons apprendre à pardonner ».
Bien sûr, un jour quelqu’un nous a blessé, volontairement ou non. Que ce soit nos parents, nos frères, nos sœurs, nos conjoints, nos amis, nos patrons, nos collègues, nos dirigeants, et même certains inconnus : à un certain moment quelqu’un parmi eux nous a fait mal alors que nous ne nous y attendions pas. Il ou elle nous a blessé, parfois très profondément. Il ou elle en a conscience, ou non.
Nous nous sommes sentis trahis, maltraités, non respectés, mal-aimés. Nous avons pleuré. Dans le meilleur des cas, nous avons peut-être pu exprimer nos sentiments à la personne. Souvent nous ne l’avons pas fait, nous n’avons pas pu. Et la tête a pris le dessus sur le sentiment. Elle a commencé à développer de la rancune : « Je lui en veux, c’est de sa faute, elle n’avait pas à faire cela. Je n’oublierai jamais, c’est impossible ».
Toutefois, le pardon ce n’est ni du refoulement, ni de l’oubli. Il y a, effectivement, des choses que l’on ne peut jamais oublier. C’est comme cela, elles font partie de notre passé, de nos expériences.
Pardonner c’est lâcher-prise, c’est se libérer de l’autre. On le laisse seul face à sa responsabilité : il nous a fait mal mais nous ne voulons plus qu’il nous en fasse. Alors on coupe l’énergie empoisonnée, on laisse l’autre avec sa « fiole » … Je le répète, pardonner ce n’est pas oublier ! C’est ne plus s’accrocher au sentiment d’injustice, de trahison, à la souffrance qui a été générée par les paroles ou les actes de celui qui nous a blessé.
Pardonner c’est aussi se défendre ! C’est un acte d’amour qui vous protège. Car, lorsque la rancœur vous quitte, vous quittez également le lien négatif qui vous reliait à l’autre personne. Elle ne vous touche plus, ne vous fait plus souffrir. Il peut rester la tristesse, bien sûr. Mais la tristesse est le premier pas vers la guérison de la blessure tandis que la rancune en est le pus.
A partir de là tout est possible : soit vous prenez conscience que la personne n’a pas agi volontairement et une véritable réconciliation est possible, soit vous préférez ne plus la voir et vous pouvez tourner la page. Vous êtes libre …
Et n’oublions pas que nous aussi, souvent sans le savoir, nous avons certainement blessé quelqu’un. N’aimeriez-vous pas recevoir le cadeau du pardon ?
Je terminerai avec deux citations :
– La première est d’une philosophe américaine, d’origine allemande, Hannah Arendt, extraite de son livre écrit en 1961 : « Condition de l’Homme moderne »
« Si nous n’étions pardonnés, délivrés des conséquences de ce que nous avons fait, notre capacité d’agir serait comme enfermée dans un acte unique dont nous ne pourrions jamais nous relever : nous resterions à jamais victimes de ses conséquences … »
– La deuxième est de Dante, Poète et humaniste italien (1265-1321), auteur de « La Divine Comédie »
« La chambre du pardon, aucun homme sage ne la ferme, car pardonner est belle victoire de guerre ».
Très beau texte